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Pink Bloc Queer et Féministe des Flamands Roses - 4 juin 2016

vendredi 3 juin 2016, par J’En Suis, J’Y Reste

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PINK BLOCK QUEER FEMINISTE - LES FLAMANDS ROSES
4 JUIN 2016 - MARCHE DES FIERTÉS DE LILLE

La marche des fiertés LGBTIAQQ* est politique. L’émeute n’est jamais loin de la fête, parce que notre fête, sur une place publique, est déjà une revendication politique : nous ne nous cachons plus. En 1969, au Stonewall Inn à New York, bar fréquenté par des homos, des travestiEs, des trans, des travailleuses du sexe et des étrangèrEs, la clientèle a refusé de se plier à un contrôle de police de routine, dans un contexte de harcèlement policier particulièrement féroce (violence, arrestation pour possession de préservatifs, viol,...) Ce refus tourna à l’affrontement, puis à l’émeute. C’est parce que nous, Les Flamands Roses, militantEs des droits LGBTIAQQ, sommes fièrEs du courage et de la détermination des émeutièrEs, fièrEs de cet héritage de nos communautés, que nous marchons chaque année à Lille ou à travers le monde.

Dans le contexte actuel, toujours celui de la répression et de l’impunité policières, nous manifestons sous forme de Pink Block Queer féministe pour affirmer notre détermination à bousculer les normes de genre, causes profondes de toutes les violences cishétérosexistes dont sont victimes les membres de nos communautés, notamment les plus isoléEs. Nous ne nous résignons pas à nous cacher pour ne pas déranger les repères du monde cishétérosexiste, nous lui arracherons nos droits. Nous ne nous résignons pas à être une cible électorale, pas davantage une cible commerciale.

FIERTÉ, SOLIDARITÉ ET DÉCONSTRUCTION FACE À LA VIOLENCE

Les LGBTIAQQphobies tuent, frappent de haine franche ou de rejet voilé toutes les personnes LGBTIAQQ, et plus généralement, toutes les personnes qui ne correspondent pas aux normes cishétérosexistes d’orientation sexuelle et/ou de genre. Ces phobies s’expriment dans la société sous une multitude de formes, des plus insidieuses aux plus brutales : gêne, "humour", propos vexatoires, discriminations, diffamations, chantages, harcèlement, violence, viol, meurtres. Elles se manifestent aussi sous forme intériorisée : la société nous construit de telle sorte qu’elle cultive en nous la honte de notre différence, la haine et le dégoût de nous-mêmes, qui nous mènent plus facilement vers des conduites à risque et, trop souvent, au suicide. On ne tolère plus l’imprégnation transphobe qui se niche dans les propos les plus anodins, on ne prend plus la langue et l’humour à la légère, quand on comprend qu’il y a un lien direct entre l’insulte ou la blague décomplexée et le meurtre d’une femme transgenre toutes les 29h dans le monde. Et ce lien se retrouve dans toutes les oppressions LGBTIAQQ-phobes, mais aussi le racisme, le sexisme, ou la psychophobie (haine et mépris des fous et des folles.) Non, "enculé", n’est ni une insulte, ni une blague, pas même en black block. D’autant que le contexte actuel nous est résolument hostile.

Depuis 2012-2013 en effet, des groupes réactionnaires fascisants ont décomplexé les discours homophobes et transphobes. Largement relayés par les médias, ils se sont mobilisés contre nos droits et contre tous les outils de réflexion et de déconstruction des inégalités sociales liées au genre. La transphobie de la société est invisibilisée. L’exposition de figures transgenres fortes (Sophie Labelle, Laverne Cox, par exemple) est un signal encourageant, mais encore insuffisant pour révolutionner les consciences : les propositions de loi, hésitantes, maladroites, marquent le désintérêt de l’état et son incompétence. Et si l’on a cherché à nous présenter le projet de loi du changement d’état civil comme une avancée, il se trouve être très mal ficelé, ne serait-ce que parce qu’il accorde trop de pouvoir au juge en matière de décision. Ce que nous réclamons, c’est le droit à l’auto-détermination, sans besoin de validation d’une haute instance, qu’elle soit médicale ou judiciaire. Nous exigeons la dépathologisation des transidentités et le remboursement de tous les soins médicaux des personnes trans, la suppression de la mention du sexe sur les documents administratifs, le droit de changer de prénom sur simple demande.

ON VOIT LA VIE EN ROSE, PAS EN BLEU-BLANC-ROUGE :
NOS IDENTITÉS NE SONT PAS NATIONALES !

Si nous voulons que tous les couples qui le souhaitent puissent se marier, nous craignons aussi que le mariage nous impose un modèle dominant et renvoie à leur placard touTEs ceuELLESx qui préfèrent des amours libres ou plurielles, autrement dit le droit de ne pas se marier. Le mariage est aussi un privilège pour de nombreuses personnes soucieuses de préserver un patrimoine, et un instrument au service de la domination hétéropatriarcale que nous, féministes, combattons. Comme d’autres féministes depuis longtemps, nous souhaitons l’abolition du système hétéropatriarcal incarné par l’institution du mariage. En attendant, l’égal accès au droit de nous marier devrait aller de soi plutôt qu’être un sujet de débat.
Nous savons aussi que de « l’égalité des droits », seront excluEs touTEs ceuELLESx qui n’ont pas le privilège de la citoyenneté pour en bénéficier. Même dans son cadre hétérosexuel, le mariage est discriminant pour les couples mixtes FrancaisE-EtrangèrE. De plus, l’égalitarisme républicain ignore complètement les rapports de domination et d’oppression de "sexe", de "race" et de "classe". Car notre identité de genre ou notre orientation sexuelle ne constituent pas toute notre vie et comme bien des habitantEs de ce pays, nous subissons aussi la précarité, le racisme ou le sexisme.

La loi travail, qui représente un pas de plus vers la précarisation des salariés, rendra l’accès à l’emploi (et donc au logement), déjà délicat aujourd’hui, plus délicat encore pour les personnes marginalisées, nous forçant aux placards, c’est-à-dire à la négation de notre identité dans tout ou partie de notre vie, notamment professionnelle. L’état d’urgence, quant à lui, a mené à une explosion des contrôles d’identité, à l’entrée des salles de spectacle, de nombreux services nécessaires ou même dans la rue, notamment pour celleux qui n’ont pas le privilège d’avoir une face de craie ; blanche, cela s’entend. Ces contrôles entravent une fois de plus le quotidien des personnes transgenres (outing sauvage, humiliation, limitation des déplacements...) La rue ne serait-elle pas aussi à nous ? Occupons-la.

POURQUOI UN PINK BLOCK QUEER FÉMINISTE ?

En occupant la rue à notre façon, avec nos plumes et nos paillettes, avec notre humour, notre colère, et notre joie d’être ensemble, nous voulons dénoncer et saboter les normes et les violences qui nous oppriment. Nous sommes féministes car la lutte de libération des femmes nous donne des outils pour comprendre et lutter contre les violences sexistes que nous subissons (violences conjugales, viols, agressions sexuelles, notamment). Nous sommes queer parce que la société binaire actuelle voudrait nous faire rentrer dans des cases (homme-femme/ homo-hétéro) qui nous semblent trop étroites. Nos apparences physiques, nos corps, nos vies amoureuses, nos pratiques sexuelles sont diverses, plurielles et mouvantes. Le terme queer (bizarre) est au départ utilisé comme une insulte homophobe dans les pays anglophones, de la même façon que l’on dirait "pédé" en français. Pour renverser cette violence à notre encontre, nous choisissons de nous réapproprier ce terme en revendiquant notre déviance vis à vis de la société actuelle et en rejetant le honte : nous sommes trans’, biEs, pédés, gouines, nous sommes queer et nous sommes partout. Pour nous, être queer veut dire dépasser le système de domination qui nous enserre dans des normes, en assumant des choix de vie, des identités, des sexualités, des relations affectives alternatives.

Nous ne sommes pas dans la rue pour donner une bonne image de nous-mêmes. Nous ne voulons pas nous intégrer à la société actuelle, nous voulons la changer. Nos plumes et nos paillettes rendent hommage à toutes celles et tous ceux dont le courage et le mauvais genre, n’ayant que faire de donner une bonne ou une mauvaise image d’eux ou d’elles-mêmes, ont ouvert la voie vers l’égalité "réelle" de touTEs, en vue de laquelle nous, lesbiennes, gais, biEs, trans, queers et intersexes, luttons encore.

Lille, le samedi 4 juin 2016

Les Flamands Roses

Groupe d’expression LGBTQIF

c/o J’En Suis, J’Y Reste - Centre Lesbien Gai Bi Trans Queer Intersexe et Féministe de Lille Nord-Pas de Calais
19 rue de Condé
59000 Lille
03 20 52 28 68
lesflamandsroses@yahoo.fr

Samedi 4 juin

à 20h : Pique-nique (Pink-nic) abrité de la pluie au J’En Suis, J’Y Reste
(auberge internationale et sans frontière)

et à partir de 22h : Soirée associative gratuite au J’En Suis, J’Y Reste

Dimanche 5 juin à partir de midi : Brunch au J’En Suis, J’Y Reste

*Lesbienne, Gai, Bi, Trans, Intersexe, AsexuelLE, Queer, en Questionnement

Week-end spécial Lesbian Gay Bi Trans Pride de Lille 2016 au J’En Suis, J’Y Reste